De la naissance du cinema kabyle by Frederique Devaux Yahi

De la naissance du cinema kabyle by Frederique Devaux Yahi

Auteur:Frederique Devaux Yahi
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782336757186
Éditeur: Editions L'Harmattan
Publié: 2016-04-22T00:00:00+00:00


Coupes

Il nous semble intéressant de nous arrêter aux coupes les plus importantes effectuées par Bougermouh. Celles-ci s’accompagnent de regroupements et autres figures propres à l’adaptation.

Sont absents du film les scènes de caserne, le pèlerinage (chap. 7) et la hadra (chap. 9). Ces coupes préservent une unité de lieu. On éprouve alors avec plus d’acuité, l’isolement physique et l’enfermement psychologique des personnages.

La visite au tombeau d’Abderrahmane est verbalement évoquée dans deux scènes.

Bougermouh opère à la fois un regroupement entre tous les moyens mis en œuvre dans le livre pour rendre Aazi féconde (le regroupement rassemble plusieurs scènes en une) et une contraction (résumé lapidaire de la scène écrite) du dialogue entre Mokrane et Akli. L’auteur ellipse cette sortie obligée pour Aazi et nous donne à en voir uniquement les effets sur la belle-mère. Il renforce la crédulité et l’ambiguïté de cette femme d’âge mûr.

Les descriptions concernant la présence et les actions des personnages loin de Tasga (Idir et la guerre d’Espagne, Mokrane dans la compagnie d’accompagnement vers l’Est) sont rapportées à travers des dialogues parfois assez lapidaires, largement amputés.

La querelle puis la revanche entre les deux familles, Oumaouch (le chétif) et Ouelhadj (de la famille du pèlerin) « depuis toujours ennemies pour des raisons sans doute sérieuses quoique personne ne s’en souvînt plus » (Mammeri), nous auraient trop éloignés du propos central, si Bougermouh les avait conservées.

Ouali et Meddour qui occupent une grande place dans le roman deviennent des figures secondaires dans le film. Des personnages épisodiques disparaissent du film tel Baba Ouali (Père Ouali), l’aveugle dont on ne parle d’ailleurs qu’une seule fois dans le roman, ou Azouaou et Ahcène dont la mort nous est rapportée, à travers quelques lignes dans le roman, sans que nous sachions exactement qui ils sont.

Le personnage principal demeure envers et contre tous, la communauté, avec deux intrigues principales : l’amour silencieux et défendu entre Davda et Menach d’une part, l’infertilité du couple Aazi-Mokrane d’autre part. D’autres ménages problématisent des facettes des mœurs en cours dans cette société de grande Kabylie. Il s’agit de Davda-Akli11 les mal mariés, Ibrahim-Sekoura les miséreux, réduits à l’endettement. Ces fils narratifs qui pourraient, dans un rapide coup d’œil, apparaître comme de second plan, ont une grande importance dans le film, puisque l’auteur veut apporter un éclairage impartial, nuancé, sur un groupe de villageois pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale et la misère qui accompagne ce drame.

Les sentiments et situations considérés comme tabous dans la société kabyle ont été évincés. C’est le cas de l’attirance homosexuelle entre Menach et Mouh le berger12, sans doute pour ne pas rendre les personnages antipathiques et trop en marge. En effet, Bougermouh, en resserrant l’action presque exclusivement à Tasga, amplifie la solidarité entre les habitants. Il rend ainsi plus déchirants l’exil forcé et injuste de Aazi et la mort de Mokrane.

La séquence de la traversée de la rivière n’existe pas dans le film, pas plus que la « campagne d’huile » et la fête qui s’ensuit. La timecret (fête de la



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.